Hello Stéphane, tout d’abord peux-tu te présenter en quelques mots, nous rappeler ton parcours avant le RENT et ce qui t’a amené à prendre les rennes du salon en 2019 ?
Cela fait maintenant une quinzaine d'années que je suis expert dans la proptech et dans l’immobilier. J’ai commencé en tant qu'intrapreneur au sein du groupe Figaro sur ces sujets. J’ai créé un portail, ExplorImmo, qui est devenu Figaro Immo depuis. Grâce à cette expérience, j’ai rencontré beaucoup d’acteurs de la Proptech. C’est ce qui m’a permis de bien maîtriser cet univers et de devenir en parallèle le président de l’association FF2I Trampoline. Depuis 6 ans, j’opère avec cette association sur l’écosystème des proptech. C’est une sorte de poste avancé en termes de sourcing de proptech (sourires).
C’est aussi par cet intermédiaire que j’ai rencontré Hervé Parent, qui a créé le salon RENT en 2013. Très vite après la création du salon, Hervé m’a sollicité, en tant que patron d’ExplorImmo, pour devenir un des partenaires de RENT. À l’époque, nous étions le troisième acteur du marché. J’ai tout de suite été très intéressé par ce nouveau format de salon, à vocation BtoB. J’ai donc accepté sa proposition, en tant que partenaire exposant… mais pas seulement ! Nous avons pris, Hervé et moi, l’habitude de beaucoup discuter et quelques années après, ExplorImmo a pris 25% des parts de RENT. L’objectif était d’accompagner Hervé, qui menait le projet seul, sur des sujets tels que le marketing ou encore le SEO.
En 2018, quand Hervé décide de céder son entreprise, on a, avec le Groupe Le Figaro, décidé de se positionner pour reprendre le RENT. C’est comme cela que j’ai récupéré l’activité pour démarrer une nouvelle ère !
La 1ère édition du salon RENT date de 2013. À ton avis, quelle a été la motivation première de créer ce salon ?
Ce que je sais de nos nombreuses discussions, c’est qu’Hervé a été très inspiré par les exemples d’événements immobiliers croisés au cours de nos voyages d’étude, organisés par l’association FF2I. Nous sommes allés dans divers pays européens, aux États-Unis… Nous avons notamment participé à Inman Connect à New-York. Il s’agit du plus gros événement immobilier et digital aux USA, depuis très longtemps. Au retour de l’édition de 2012, l’idée d’un tel format d'événement BtoB, autour de l’immobilier et de l’innovation, qui n’existait pas en France, a germé dans l’esprit d’Hervé. Après avoir réalisé ses études de marché et travaillé son dossier, il a décidé de créer RENT. La première édition a eu lieu au Palais Brongniart en 2013, avec une quarantaine d’exposants et 400 visiteurs !
Comment décrirais- tu la mission principale de RENT ?
De manière très simple, la mission de RENT, c’est de permettre à l'innovation de s’exprimer dans la chaîne de valeur de l’immobilier. Pour cela, on doit créer les conditions de la rencontre entre les trois piliers majeurs de la Proptech :
Les industriels du marché (les grands réseaux, les grands portails, les grands promoteurs et constructeurs, les grands logiciels…) ;
Les start-ups qui arrivent avec des solutions d'innovation se plugant dans le parcours immobilier ;
les fonds d’investissement.
Ce triptyque est indissociable, c’est la raison pour laquelle on devait trouver le lieu pour qu’ils se rencontrent. Une start-up a par exemple besoin du fonds d’investissement pour se financer mais aussi de l’industriel pour déployer son innovation et son business model. A contrario, l’industriel a besoin d’innovation pour faire progresser son réseau et ses franchises, les fonctionnalités de son portail etc… RENT se positionne comme l’écrin qui, à différents moments de l’année, va permettre la rencontre de ces acteurs.
Qu’est-ce qui a changé dans le RENT et sur le marché depuis sa création ?
La maturité et la digitalisation du marché a énormément évolué depuis la première édition du RENT. En 2013, on est à l’amorce de ce qui va prendre le nom de “proptech”. Il faut se rendre compte que ça n’a même pas encore de nom à cette époque ! Ça commence tout juste à bouger : les premières visites virtuelles arrivent par exemple, face à un marché immobilier très traditionnel et conservateur, donc très peu numérique. Entre 2013 et 2022, c’est la bascule : tout le marché immobilier - qu’on parle du neuf, de l’ancien, des différents acteurs (agences, notaires, etc.) - se digitalise considérablement. Notamment parce que l’usage que font les consommateurs d’immobilier progresse beaucoup vers le digital. Les consommateurs veulent chercher leur résidence principale ou secondaire sur leur mobile, de même que leurs solutions de financement, veulent faire leurs visites virtuellement, veulent la signature électronique… Devant ces nouveaux usages, des entrepreneurs avec des têtes bien faites commencent à proposer des innovations et depuis le mouvement ne s’est jamais arrêté. Il n’a fait qu’accélérer !
Léo-Pol : À ton avis, c’est la demande des consommateurs de nouveaux usages ces dernières années qui a poussé le développement exponentiel des technologies dans le secteur immobilier ?
Stéphane : Oui, c’est ma conviction : le besoin crée l’innovation. Depuis quatre ou cinq ans, on est dans une dynamique et dans une économie proptech extrêmement vertueuse. Le champ des possibles dans l’immobilier est quasi-infini. On peut innover à chaque étape : au moment de chercher, au moment de se financer, au moment des visites, au moment du déménagement, au moment des travaux... De ce point de vue, la crise du COVID a été extrêmement profitable. Le nombre de start-up a connu un grand coup d’accélérateur depuis deux ans : on estime qu’elles sont plus de 1000 actuellement sur le marché. Tout cela crée donc une multitude d'opportunités d’autant que les fonds d’investissement ont mis, et continuent à mettre, beaucoup d’argent sur la table.
Léo-Pol : Pourquoi l’investissement dans la proptech a été plus fort que sur d’autres marchés ces dernières années ?
Stéphane : Je dirais que c’est parce qu’on est dans le momentum de la proptech : il y a eu la fintech, la foodtech… C’est maintenant l’heure de la proptech. Le secteur immobilier a mis plus de temps que les autres mais aujourd’hui, on est plein dedans ! Ça durera ce que ça durera mais ce qui est sûr, c’est qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire pour digitaliser l’intégralité d’un parcours client dans l’immobilier. Qu’il s’agisse de louer, d’acheter ou de faire construire, de mettre en location sa résidence secondaire, de trouver sa location saisonnière… On n’est pas encore du tout au bout de l’histoire.
4 chiffres à partager sur le RENT ?
Le label a 10 ans : cela lui donne une certaine légitimité et une certaine notoriété ;
Un peu plus de 400 exposants. C’est 10 fois plus qu’à la création ;
12 000 visiteurs professionnels français et étrangers sur deux jours de salon à Paris ;
120 start-up présentes sur RENT qu’on n’avait pas vu jusqu’ici : cela symbolise parfaitement le vivier d’innovation permanente en action sur le secteur.
Léo-Pol : Moi qui suis en veille permanente sur le marché, c’est effectivement impressionnant de voir le dynamisme des startups immobilières, aussi bien sur le site de la Proptech que sur les Pépites Tech de l’immo. On voit tout le temps de nouveaux noms émerger. Il y a eu un énorme turn-over pendant le COVID mais je pense que ça a permis à d’autres d’arriver sur le marché.
Stéphane : Tout à fait, c’est l’équation de la Proptech. Au départ, tout le monde croit en ses chances et c’est bien normal mais le marché va obligatoirement faire le tri à un moment. Pour une innovation qui va rencontrer son marché, ses investisseurs, l’industriel qui va avoir besoin de cette solution, il y en a des dizaines d’autres qui ne vont pas survivre. Cela n’empêche pas les créations de start-ups, bien au contraire : depuis deux mois, je reçois les demandes de deux start-ups différentes chaque jour pour venir exposer au salon. C’est un phénomène nouveau.
Léo-Pol : En imaginant le secteur proptech mature, comment imagines-tu la structure plus globale du marché ?
Stéphane : Je suis très optimiste. Comme je te le disais, on a encore de très très belles années Proptech devant nous. Pour plusieurs raisons. D’abord, la dimension franco-française a disparu au profit d’une dimension européenne : les fonds d’investissement poussent les jeunes boîtes françaises "successful" à partir à l’international, parfois même au bout de quelques mois seulement. Pourquoi ? Parce que les pays voisins (Espagne, Portugal par exemple) ont environ cinq ans de retard en matière de Proptech par rapport à la France. On bénéficie d’un vrai dynamisme national, c’est à souligner.
Ensuite, les marchés immobiliers sont tellement différents que les opportunités de développement ne sont pas prêtes de s'assécher. La chaîne est tellement grande qu’on peut apporter de la valeur à plein d’endroits. Si on prend l’exemple des notaires, les besoins en digitalisation sont extrêmement forts. Idem pour les constructeurs, pour la recherche immobilière. On parle aussi beaucoup des syndic et de la gestion locative…
Les expériences utilisateurs ont parallèlement une diversité exponentielle. On achète et on vend plusieurs fois dans une vie, on loue plusieurs fois… On achète pour se loger ou pour investir, défiscaliser, construire un patrimoine. L’immobilier dans une vie, c’est à chaque fois différent mais aussi à chaque fois un moment clé. Ça implique donc que les innovations s’adaptent pour répondre à des besoins très divers.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que l'innovation n’est pas QUE technologique. C’est un tort, selon moi, de la réduire à cet aspect. Bien sûr que les innovations technologiques, telles que la visite 3D, l’ameublement à distance, la signature électronique, sont formidables… Mais beaucoup d’innovations bousculent les usages sans forcément faire l’objet d’une tech très avancée. C’est notamment vrai en matière de financement, d’accès au crédit, d’achat immobilier sur la résidence secondaire. Je pense par exemple à Prello, que tu as interviewé. Quand la boîte s’est créée, on s’est tous interrogés sur la pertinence d’acheter sa résidence secondaire à plusieurs sous la forme d’une SCI. Alors qu’en fait, ça correspond tout à fait à la nouvelle manière qu’ont les français de consommer la résidence secondaire. Ça rend accessible un rêve dans un monde où peu de gens pouvaient se le permettre avec les moyens traditionnels.
De la même manière que le COVID et le télétravail ont bousculé la façon de voir l’habitat et ont permis l’émergence de modèles très innovants sans être forcément hyper tech. J’ai rencontré Flex Living il y a quelques jours : ils répondent eux aussi pleinement à un usage qui n’existait pas il n’y a ne serait-ce que deux ans.
Si tu devais choisir 3 PropTech à suivre de très près cette année, ce serait lesquelles ?
Prello et Flex Living, dont je viens de parler, sont deux start-ups intéressantes à suivre. Piloc est aussi une société à suivre selon moi…
Plus globalement, sur RENT, on organise une remise de trophées : le trophée la Start-up Orpi Rent 2022 et le trophée de l’innovation 2022 Rent SNPI. Dernièrement, on a invité seize start-up à venir pitcher leur projet devant les jurys de professionnels. Les quatre finalistes ont été choisis, ils pitcheront de nouveau en live devant le public du salon. C’est le public qui votera pour les gagnants des deux prix.
Ce qu’il est finalement intéressant de retenir, c’est qu’on a reçu plus de 90 dossiers pour ces deux compétitions. On a vu passer des projets complètement dingues, hyper intelligents et pratiques, tous très différents ! Notamment une société qui met au service des copropriétés des services de plomberie… Je pense aussi à une société comme HESTIA qui commercialise une sorte de leasing d’appartement : c’est elle qui achète l’appartement, le client met une mise de départ, loue pendant trois ans et a la garantie de racheter l’appartement à un prix qui a été fixé à l’avance. C’est drôlement intéressant pour les personnes qui ne peuvent pas acheter parce qu’elles n’ont pas assez d’apport. Je ne sais pas si ça marchera mais c’est innovant et socialement très pertinent. Tout ça pour dire que des start-ups, il y en a plein. Il y en aura 120 sur le salon, dont une majorité qui n'exposait pas l’année dernière. Je ne peux qu’encourager les professionnels du secteur à les rencontrer.
Comment tu vois le RENT dans 5 ans ?
En 10 ans, le label à vraiment trouvé sa place en France. Il est probable que l’édition 2022 soit une édition record en nombre d’exposants aussi bien que de visiteurs. Notre enjeu va désormais être un enjeu de qualité. RENT est un endroit où le business s’opère et pour conserver cette spécificité, il n’est pas utile de prendre le double de surface… Il faut davantage travailler sur la qualité du visitorat, son renouvellement aussi, pour toujours offrir plus de leads qualifiés aux exposants.
Avec notre actionnaire, nous nous sommes donné un deuxième objectif : celui d’apporter à la communauté plus de contenus et d’enrichir leur qualité. Quand on est un label, on doit par vocation délivrer du contenu toute l’année. On propose déjà un index proptech - contech tous les trimestre, mais on doit aller plus loin.
Enfin, et c’est le dernier objectif, on souhaite donner une trajectoire internationale à RENT. Très vite, nos partenaires, les start-ups, les fonds d’investissements etc… nous ont dit : “On sait ce qu’on a à faire en France pour rencontrer l’écosystème : il faut aller à RENT. Mais est-ce qu’il y a un équivalent en Espagne ou au Portugal, dans la perspective de faire du business dans ces pays ?”. On a donc creusé la question, regardé ce qui se faisait, et on n’a pas trouvé de salon similaire à RENT ailleurs. On y a vu une opportunité. Cela dit, on n’avait pas la prétention d’aller tout seul sur des marchés sur lesquels on n’a pas d’expérience, dont on ne maîtrise pas complètement les codes… On s’est donc rapproché d’acteurs majeurs locaux et on s’est adossé à leurs événements, qui avaient déjà une certaine notoriété, une certaine légitimité. En Espagne, par exemple, on s’est rapproché de SIMA : c’est le plus gros événement immobilier du pays depuis 20 ans. Il rassemble plusieurs milliers de professionnels à Madrid chaque année. Au mois de mai 2021, on a organisé notre premier événement en commun avec les proptech espagnoles et ça a très bien marché. Preuve que lorsqu’on prépare bien les conditions du succès en amont, ça fonctionne ! RENT Suisse fonctionne très bien sur le même principe depuis quatre ans.
L’année prochaine, on va probablement reproduire cette expérience au Portugal. On monte également un embryon de salon immobilier et tech à Casablanca. Cet événement est à l’initiative de Mubawab, l’équivalent de Se Loger marocain, sous l’égide de la French proptech et du ministre de la transition numérique marocain. Le Maroc est un pays très dynamique qui affiche extrêmement clairement son ambition d’être le pays d’Afrique leader sur la proptech. C’est aussi un pays proche de la France, avec lequel on partage certains codes et des repères. C’est pour cela qu'on les a accompagné. On a aussi dans l’idée de regarder de plus près les conditions de mise en place de tels événements sur le continent africain et au Moyen-Orient. À mon sens, compte-tenu des défis démographiques du continent, la jeunesse de la population, l’Afrique présente un vrai potentiel pour nous dans les années à venir, au moins sur sa partie francophone.
Tu as une anecdote sympa vécue sur le salon à nous raconter ?
Il y en a beaucoup ! Des sympas, des moins sympas… Ce que j’ai l’habitude de dire, c’est qu’on fait un job de fous (rires). Toute l’année, on rencontre des start-ups, des fonds d’investissement et des industriels de l’immobilier… Tout cela est très sérieux. Et au moment du RENT, pendant deux jours, on devient des intermittents du spectacles, des gens de la balle ! On monte véritablement un show ! Il faut comprendre qu’on va récupérer un dimanche soir un hall vide de 15 000 mètres carrés, dans lequel on pourrait caser deux Airbus. Et le mardi matin, le rideau va se lever sur ce qu’on connaît du RENT : les salles de conférences, 400 exposants, un plateau télé, des salles d’ateliers, la plus importante soirée de la proptech, qu’on organise sur le toit du hall avec 700 personnes, la remise des prix, les concerts etc… Toute l’infrastructure pour permettre des rencontres avec des professionnels de l'industrie de tout horizon et de nombreuses nationalités, pour provoquer des échanges incroyables avec de jeunes entrepreneurs, pour éventuellement donner un espace d’expression à des start-up qui demain deviendront des licornes. Ça procure à la fois une adrénaline de dingue, un certain sentiment de fierté et de valeur mais aussi un stress permanent : il y a cette part d’inconnu et de risque qui excite et qui terrifie en même temps. La meilleure illustration de cela, ce sont les années de COVID qu’on a traversé. En 2020, à trois semaines de l'événement, alors que tout était prêt, on nous annonce que les contraintes sanitaires ne permettent pas de tenir le salon. À ce moment-là, il y a deux écoles. Soit on subit et on déçoit nos 400 exposants et 10 000 visiteurs en annulant. Soit on invente ex-nihilo une autre manière d’adresser la rencontre entre les professionnels. Après 24h d'abattement, on a choisi la seconde option : on a créé une marketplace pour permettre de jouer RENT à distance, où les visiteurs pouvaient voir les stands, entrer en contact avec les professionnels, où on a diffusé des vidéoconférences... En quelques semaines, à partir de rien, on a inventé les Proptech Digital Days, qui vont continuer d’exister en hybridation avec le RENT physique 2022 d’ailleurs. Je pense qu’on n’innove jamais autant que lorsqu’on est dos au mur. Jamais, dans la même temporalité, on n’aurait élaboré avec une telle énergie un produit qui a eu tant de succès sans la contrainte du COVID. On a finalement eu 7 600 inscrits professionnels pour 30 000 leads qualifiés ! Même si ça a été dur, on s’est relevés plus forts : the show must go on !
Léo-Pol : C’est ce qui fait la magie du RENT je trouve, cette rencontre entre le digital et le physique, ce côté abstrait de la tech et cet aspect au contraire très concret et très social des problématiques liées à l’immobilier.
Stéphane : C’est vrai ! La magie du RENT, c’est la magie de la rencontre, à laquelle rien ne peut se substituer. Même si on a initié de très belles initiatives de formats digitaux durant le COVID, se retrouver en vrai, ça n’a pas de prix. On l’a bien vu l’année dernière : il y avait une telle énergie, un tel bonheur. C’est autre chose de voir sur scène le patron d’une entreprise américaine qui vient nous partager son histoire plutôt qu’à travers l’écran de son smartphone. J’ai réalisé que beaucoup d’agents immobiliers, de constructeurs, de promoteurs, viennent sur RENT justement pour vivre ces témoignages inspirants, pour se nourrir des débats d'experts qu’on n’a pas toujours l’habitude d’entendre, sur des sujets qu’on pose sur la table et qui ne sont abordés nulle part ailleurs. Pour finalement repartir plus “intelligent” professionnellement, plus ouvert d’esprit… Pour moi, ces contenus, ces 10aines de conférences et d’ateliers qu’on prépare des mois à l’avance, sont de véritables clés de succès. Ce sont des choses qu’on peut difficilement reproduire avec la même intensité par des biais digitaux. Quand on voit les dirigeants d’une start-up en vrai, quand on interagit physiquement avec eux, on peut “sentir” le projet, le voir se dessiner devant soi. Sans compter qu’il y a cette richesse des rencontres fortuites qu’on ne peut pas avoir sur le digital. À moins qu’on ait tous des avatars pour se dédoubler mais ce n’est pas encore le cas (rires) !
Dans le secteur immobilier, est-ce qu’il y a une chose que tout le monde croit vraie et à laquelle tu ne crois pas ?
L’immobilier a été un secteur très conservateur pendant très longtemps. Mais je pense que l’ordre établi sur lequel certains avaient des croyances est en train de voler en éclat. Notamment depuis deux ans et la crise du COVID. Je pense qu’en matière d’immobilier, il n’y a pas de règles. Je m’explique : je ne suis pas en train de dire que c’est la jungle. Au contraire, en France, on a une législation très rigoureuse pour sécuriser les transactions par exemple, et c’est bien normal. Mais on observe qu’avec la digitalisation, ces lois, qu’on est tenu de respecter, peuvent être suivies avec beaucoup de fluidité. Aujourd’hui, on n’a plus besoin de se rendre chez le notaire pour signer 8 cm de papiers de compromis de vente et d’actes authentiques ! La signature électronique a remplacé tout cela.
Donc ma seule croyance, c’est que toutes les croyances finiront par être remises en question par ceux qui dictent véritablement les règles : les clients. Tous les fondamentaux, le marché immobilier, les besoins de logements des Français, la législation qui entoure l’accès à la propriété et à la location, obéissent à un seul acteur : le client. Si les français veulent louer autrement, partir en vacances autrement, acheter autrement… les professionnels devront s’adapter ou ils mourront. Le corporatisme aujourd’hui n’a plus de sens pour moi : les agences immobilières sont concurrencées par les néo-agences, par les mandataires. Pour survivre, il ne suffit pas de dire : “nous sommes les gentils, ils sont les méchants”. Il faut se plier au jeu de l’offre et de la demande. On ne peut plus dire aux clients que s'ils veulent consommer de l’immobilier, c’est comme ça et pas autrement. Ce n’est plus audible à l’heure où le digital offre une multitude de chemins et surtout des vecteurs de différenciation infinis par le service. Pourquoi des personnes continuent à aller en agence ? Parce qu’elles ont accès à un niveau de service connu. Pourquoi d’autres préfèrent se tourner vers des solutions alternatives ? Parce qu’elles recherchent un autre niveau de service. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’encore une fois, le choix est entre les mains des clients. En plus, la modification des usages s’accélèrent à une vitesse folle. Si on m’avait dit il y a 10 ans qu’on n’aurait plus besoin de garants pour louer un appartement, je n’y aurais pas nécessairement cru. Et pourtant ! Donc, oui, vraiment, s’il y a une croyance à laquelle je ne crois pas, c’est qu’on peut avoir des croyances en matière d’immobilier !
Avec l’expérience que tu as forgé en étant à la tête du RENT, quel est le principal conseil que tu donnerais à quelqu’un qui démarre une aventure entrepreneuriale dans le secteur immobilier ?
Je donnerai trois conseils, en toute humilité parce qu’il y a des gens bien plus compétents que moi pour driver les entrepreneurs !
Le premier, c’est d’être convaincu que c’est possible. Il faut être certain de l’idée qu’on porte, de l’innovation qu’on propose. Parfois je rencontre trois ou quatre start-ups qui opèrent sur le même secteur d’activité, sur le même créneau etc… À la fin, je constate qu’il y a une chose qui fait qu’une start-up va traverser les embûches de manière beaucoup plus forte que les autres : c’est la force de conviction de l’entrepreneur et de ses équipes. Cela ne veut pas dire que ça va marcher à tous les coups, mais la conviction est un accélérateur, j’en suis persuadé.
Le deuxième conseil, c’est de savoir s’entourer. L’entrepreneuriat n’est jamais une aventure individuelle. Au contraire, je pense que cela reste une aventure collective à chaque fois. L’entourage est un facteur-clé de succès. Ce n’est pas toujours facile quand on est un jeune entrepreneur mais il faut garder en tête que des labels comme RENT sont là pour aider. On est là pour qu’ils rencontrent les bonnes personnes, pour prodiguer les bons conseils au bon moment, pour qu’ils anticipent les épreuves et puissent les dépasser et grandir.
Pour terminer, je vais dire quelque chose qui n’est pas très culturel chez nous : il faut se planter pour réussir. Pour moi, l’échec est presque un gage de succès. Si un jeune start-upper se plante, c’est qu’il lui a manqué quelque chose : un conseil, une vigilance… Mais en ratant cette fois-là, il va développer un mindset, une expérience, qui feront qu’il ne reproduira pas les mêmes erreurs la fois d’après. Je pense donc qu’il est important de laisser aux jeunes start-upers l’opportunité de chuter pour mieux se relever. Pour moi, le droit à l’échec est fondamental.
Je tiens à remercier Stéphane pour son engagement et sa disponibilité, c’était un échange riche et passionnant, à la hauteur de ce qu’annonce le RENT.
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Les dernières infos pour l’édition de 2022 sont à retrouver juste ici.
On se retrouve les 8 & 9 novembre sur le salon ! À très vite.