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Ton parcours ?
Tout comme mon associé de Bellman, Jonathan, je suis ingénieur informatique. On a tous les deux fait l’EPITA. Après mon diplôme, j’ai travaillé deux ans dans le conseil… pendant lesquelles j’ai très vite compris que ce n'était pas pour moi ! Du coup, le soir et le week-end, je me suis amusé à créer des apps mobiles sur iOS, dont une, TV Time (une application mobile pour les fans de séries télé), qui a bien marché. Elle compte aujourd’hui entre 1,5 million et 2 millions d'utilisateurs par jour. Quand j'ai revendu cette boîte à une société basée aux États-Unis, je suis parti vivre à Los Angeles. Et c’est là qu’est apparu mon nouveau problème : après les séries, la copropriété.
La mission de Bellman ?
Créer des outils et des automatisations pour apporter plus de réactivité et plus de transparence aux syndics de copropriétés, qui gèrent les parties communes et les équipements communs des copropriétés. En France, comme partout en Europe d’ailleurs, ils sont souvent décriés pour leurs problèmes en matière de temps de traitement et en matière de transparence. C’est ce qui nous a motivés, Jonathan et moi, à développer un ERP à destination des agences immobilières, qui couvre le plus de process métiers possible. L’objectif étant que les experts métiers, les gestionnaires de copropriétés et les comptables de copropriétés, puissent gérer leurs parcs de copropriétés et leurs copropriétaires beaucoup plus facilement. Comment ? En développant depuis 4,5 ans une approche tech dans le secteur du syndic et en automatisant tout ce qui peut l’être ! Grâce à cela, on supprime des tâches, on crée des alertes ou des contrôles automatiques sur l'ensemble des données de leur portefeuille.
Le déclic qui t’a décidé à lancer Bellman ?
Je suis fils de gardienne, donc plus jeune, j’ai un peu été confronté au monde de la copropriété et, 30 ans plus tard, quand j’ai acheté un appartement, j’ai constaté que la manière de gérer les choses n'avait pas beaucoup bougé ! C’est ce qui nous a donné envie, avec Jonathan, de nous intéresser au sujet. On est donc allé voir des agences immobilières, pour étudier leur mode de fonctionnement, les outils qu'elles utilisaient, les process qu'elles avaient… Très vite, on a acquis la conviction que la tech pouvait très largement améliorer la situation.
Le business model de Bellman ?
Nous sommes des éditeurs, donc on fonctionne très classiquement avec un modèle de Saas : un abonnement et l’application d’un tarif dégressif en fonction du nombre de lots gérés sur la plateforme, qui varie entre 1 euro du lot à 40 centimes du lot.
Depuis le démarrage, comment le produit a évolué ?
Au-delà du produit, c’est toute notre organisation qui a évolué depuis 4,5 ans. On ne s'est pas lancé avec une approche full tech dès le début, on a d’abord, pendant les trois premières années, été nous-mêmes syndic de copropriété. C’était indispensable car c’est un métier d'expertise dans lequel il est nécessaire de maîtriser beaucoup de paramètres (la législation, la technique du bâtiment, la gestion des copropriétaires…). On avait vraiment besoin de connaître de quoi on parlait avant de penser à construire le bon produit.
Or, pour se lancer dans le syndic, il faut pas mal de fonds, puisque tu dois recruter des gestionnaires et des comptables. D’autant plus si tu veux développer de la tech tout en faisant fructifier ton affaire. On est pratiquement sur une boîte 3 en un, qui demande donc de lever des fonds de manière assez conséquente !
Comme j'avais déjà créé et revendu une première start-up, on a été capable de lever 2 millions d'euros dès le début, sans même le moindre client, le moindre produit. Puis un an plus tard, 4 millions. Puis un an plus tard, 11 millions. C'est grâce à cela qu'on a pu construire cet ERP mais ce n’est clairement pas accessible à tous les entrepreneurs qui auraient voulu se lancer sur ce marché. Je pense que le financement constitue une barrière à l'entrée pour beaucoup.
Concernant le produit, on est entré dans une phase de reconcentration sur la tech en juillet dernier. Nous avons revendu le portefeuille à tous les experts gestionnaires, ce qui nous a permis de les sortir de l’effectif et de commencer à vendre notre ERP à des agences existantes, et surtout de continuer à l’améliorer.
Par exemple, on a constaté une grosse crainte du marché autour de la migration de l'ancien logiciel sur le nôtre. Beaucoup d'agences disposent d’un logiciel qui ne leur plaît pas, qui ne fait pas le job, qui n'automatise pas tout ce qu’elles voudraient automatiser… mais qu’elles ne changent pas par peur de la migration. On a donc énormément travaillé sur ce point pour que le changement de logiciel soit le moins pénible possible.
On travaille en parallèle sur des briques métiers, notamment sur tout l’apport de l'intelligence artificielle sur cette verticale. On a été les premiers à jouer avec GPT sur l'immobilier, plus précisément sur la question du support client. Répondre à des emails, trouver de l'information dans des documents… ce sont des use-cases sur lesquels l'IA générative est excellente. Désormais, quand un de nos clients reçoit un mail, on sait détecter de quelle copropriété et de quel copropriétaire il est question, on sait catégoriser l’e-mail, apporter les données CRM qui permettent de répondre automatiquement…
On investit aussi beaucoup sur le sujet de l’extraction et la classification de données : un gestionnaire de copropriété passe une grande partie de son temps à éplucher des contrats, à éplucher des procès-verbaux d'Assemblée générale, à regarder des courriers, etc. L’idée, c’est de leur proposer un outil qui pré-mâche le travail, qui peut aller jusqu’à créer des alertes, pour qu’ils gagnent du temps sur une mission qui est un peu ingrate de base.
La stratégie d’acquisition ?
La mise en commercialisation est récente mais on commence déjà à bénéficier d’un peu de bouche à oreille, de recommandations de la part de nos 40 agences clientes.
Ensuite, pour nous faire connaître, on mise sur du cold-call classique où on contacte des agences et où on leur présente notre ERP.
4 chiffres sur votre activité ?
40 clients
50 000 copropriétaires
Une équipe de 30 personnes
17 millions d’euros levés jusqu’ici
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le marché de l’immobilier est un marché lent, très lent : les cycles de vente sont longs, le rythme des Assemblées générales est annuel, une vente pour un particulier arrive tous les 10 ans… Bref, 4 ans d’existence sur ce marché, c’est en réalité très jeune. Donc on est très fiers d’avoir accompli tout cela en si peu de temps.
La plus grosse erreur depuis vos débuts ?
Question tricky parce que c’est un peu trop facile de refaire le match après coup (rires). Bien sûr, si j’avais su qu’avec la guerre en Ukraine, les taux de crédit allaient grandement augmenter, j’aurais probablement plus gardé le cash ! Cela dit, je n’ai pas l'impression qu'on ait fait de grosses erreurs stratégiques.
Ce que je peux confirmer en revanche, c’est qu’il est très difficile, culturellement parlant, de gérer des RH dont les aspirations et les mentalités sont aussi diamétralement opposées que dans le cas du monde du syndic et du monde de la tech. Les professionnels de l’immobilier aspirent à de la stabilité, à devenir des experts, tandis que les profils tech veulent conquérir le monde et bouger tout le temps. Si c’était à refaire, peut-être qu’on aurait structuré notre boîte un peu différemment, peut-être qu’on aurait pivoté pour se reconcentrer sur la tech plus tôt comme l’a fait Pennylane… On a dégagé beaucoup de force à mettre des gens du métier sous le même toit que les gens de la tech, au niveau de la communication, de la roadmap, de l’usage client, mais cela a été vraiment très challenging.
Comment tu vois Bellman dans 3 ans ?
D'ici à trois ans, on ambitionne de prendre des parts de marché de manière significative. Les signaux sont au vert : les éditeurs leaders aujourd'hui du marché peinent un peu à se renouveler, travaillent encore parfois avec des produits à installer sur les machines du client...
Notre objectif, c’est de s’imposer comme LA solution qui améliore autant la vie des gestionnaires et des comptables que celle des copropriétaires. Dans un premier temps en France, même si la Belgique nous fait du pied ! Ce sera dans un deuxième temps.
Une grosse opportunité sous-exploitée dans le marché immobilier en France selon toi ?
Pour moi, les opportunités qu’offre le syndic sont clairement sous-exploitées par les professionnels de l’immobilier. Dans un monde idéal, le syndic alimente des leads en gestion locative et en transaction. C’est d’ailleurs pour cela que toutes les agences immobilières y reviennent en ce moment, à un moment où la transaction va mal. Seulement, la réalité est tout autre : comme les clients sont insatisfaits sur la partie syndic, les agences ne captent pas les leads sur la gestion locative et la transaction à hauteur de ce qu’elles devraient.
Ma conviction profonde, c’est qu’en investissant réellement la verticale du syndic, il y a à la fois de bonnes marges à faire et des opportunités business sur d’autres verticales à créer. Mais pour cela, il faut être bons sur la partie syndic, et c’est là qu’on intervient !
Le mantra qui te met Super biens ?
Ce qui nous guide, c’est un concept qu’Amazon a poussé à son paroxysme en mode obsessionnel : « Always start from the customer ». C’est un peu “cul-cul” et pas très original, mais dans un marché très dur comme celui du syndic, c’est prendre le contrepied d’une tendance très naturelle à se refocuser sur l'interne quand le focus sur le client devient pénible.
C’est par exemple se demander ce qu’on n’a pas clairement expliqué dans un appel de fonds quand un ou plusieurs copropriétaires posent des questions, plutôt que de se dire qu’ils sont complètement idiots. C’est proposer une interface simple et adaptée, peut-être “basique”, peut-être un peu frustrante pour des gens de la tech, à un public d’agences absolument pas technophile, plutôt que lancer des apps disponibles uniquement sous Mac et destinées à des personnes digital natives…
« Always start from the customer », c’est aussi pour nous supprimer des tâches, automatiser, automatiser, automatiser : on est, du côté tech, obsédé par ça !
Intéressé(e) par les services de Bellman ? Retrouvez-les juste ici ! Bellman recrute en ce moment des dev’, si cela vous parle, contactez Antonio en direct sur LinkedIn !
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