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Ton parcours ?
J'ai débuté ma carrière dans les métiers de la finance, plus particulièrement dans le secteur de l'automobile entre la France et l'Inde. Il y a à peu près 10 ans, j’ai commencé à entreprendre (j’ai 36 ans) et ça va faire un peu plus de 6 ans que je suis très investi dans l'écosystème immobilier. J'ai démarré avec la création de Jinka, aux côtés de Marc Lebel. L’immobilier, c’est un métier passionnant, riche en problématiques et en data, sans lesquelles on ne peut pas prendre de bonnes décisions à mon avis.
Pour résumer, à l’origine, j'ai un profil très sales, ops, et strat, mais en 10 ans dans l'écosystème digital, j'ai beaucoup appris au contact des gens de la tech.
La mission de Syment ?
La mission de Syment est double :
Sécuriser le processus d'assemblée générale pour les syndicats de copropriété professionnels. Ce sont des processus franchement pas simples, très contraints par des normes et des lois. De fait, les professionnels sont très exposés d'un point de vue juridique, notamment dans le cas où une AG est mal processée.
Faciliter la prise de décision au sein d'une copropriété en aidant les professionnels à simplifier l'organisation et la tenue des assemblées.
Le déclic qui t’a décidé à lancer Syment ?
Quand j'ai quitté Jinka fin 2020, j'étais en recherche d’un nouveau projet entrepreneurial. En attendant, j’ai conseillé, en freelance, des entreprises sur des sujets très opérationnels : sales, acquisition, opérations ou stratégie à proprement dit. J'ai notamment travaillé avec quelques Family Office souhaitant investir en Venture Capital ou imaginant reprendre une entreprise… dont Ibaia Investissement, dont je reparlerai, qui s'était positionné comme “repreneur” de Syment. Je l’ai accompagné sur cette reprise et de fil en aiguille, le fonds m’a proposé de la remettre sur les rails. Comme il y avait tous les ingrédients pour, à mon sens, faire de Syment un succès, notamment l’équipe qui est canon, j’ai rejoint l’aventure.
Le business model de Syment ?
On fonctionne sous un format SaaS très classique, avec deux lignes de revenus principales :
L’abonnement payé par le gestionnaire (syndics professionnels, à savoir les cabinets positionnés sur le résidentiel et/ou sur l'immobilier tertiaire) ;
L'affranchissement, directement intégré dans la solution.
Ces deux lignes correspondent aux deux grandes fonctionnalités de Syment :
Aider les professionnels dans la préparation de l’assemblée, avec la préparation de l’ordre du jour, les convocations etc.
Permettre aux professionnels d'envoyer du courrier directement aux copropriétaires, une fois les documents préparés, en vue de convoquer son assemblée. C’était un gros trou dans la raquette de notre offre jusqu’il y a peu. On a donc développé cette solution pour que le pro ait simplement à cliquer sur un bouton pour envoyer les courriers de manière automatisée, soit en papier, soit en recommandé électronique.
Léo-Pol : Quels sont les tarifs ?
Alexandre : Sur la partie affranchissement, on est sur un business model à la consommation. Si le syndic ne convoque pas d’AG, il ne paie pas.
Sur la partie abonnement, on a fait un gros travail de clarification sur notre pricing, de sorte que ce soit totalement lisible pour nos prospects et nos clients. Aujourd'hui on a un tarif de base qui commence à 189 € par mois qui peut évoluer selon deux paramètres :
La durée d'engagement : on a un engagement annuel mais on peut aller sur deux ans, trois ans d’engagement. La souscription moyenne est au-delà d'un an et demi sur nos nouveaux contrats.
Le nombre de gestionnaires au sein du cabinet : il y a forcément un tout petit peu de négociation sur le volume quand le cabinet a des dizaines de gestionnaires !
Depuis le démarrage, comment le produit a évolué ?
Syment a énormément évolué depuis le démarrage. À la base, la solution voulait être un outil tout-en-un et proposer des briques fonctionnelles sur tout ce dont a besoin le gestionnaire : CRM, du ticketing, de l'assemblée générale, du calendrier, de l'extranet…
C’était clairement trop. Il faut comprendre que le développement informatique, c'est un temps long, d’autant plus quand on a des équipes réduites. Essayer de tout faire, c'est le meilleur moyen de ne pas se concentrer sur l'essentiel.
Quand on a repris la société, on a d'abord fait le point avec nos clients. On a jaugé ce qu'on appelle le product market fit de la solution. Quel était l'usage qu'ils faisaient de la solution ? Où apportait-on le plus de valeur ? Quelle brique fonctionnelle était indispensable, sans laquelle ils auraient fait une dépression (rires) ?
On s'est rendu compte que sur les briques du type ticketing, on n'était pas du tout considéré comme la meilleure solution. En revanche, le cœur AG était très utilisé.
On a donc tout simplement pris la décision de simplifier l'offre de service, de se concentrer uniquement sur le processus d'assemblée générale. Je dis “simplement”, mais en réalité c’est tout sauf simple ! Le processus d'assemblée est quelque chose de long, de compliqué à organiser. Il faut synchroniser énormément de données (les bilans de l'exercice, les projets à faire voter, les appels d'offres). Il faut convoquer les copropriétaires et être sûr des bases de données utilisateurs. Ce qui est, au passage, un vrai pain point du côté du gestionnaire. Les professionnels utilisent des solutions qui ont fait le boulot fut un temps, mais qui ont manqué d'évolution pour mieux répondre aux besoins digitaux aujourd'hui.
Aujourd'hui, on se présente plus comme un agrégateur de données, concentré autour du processus d'assemblée. Processus auquel reviennent de toute façon obligatoirement les syndics, puisque c’est LE moment dans l’année où les décisions se prennent.
La stratégie d’acquisition ?
Je pense qu'aujourd'hui, on n'a pas activé 100% des canaux d'acquisition qu'on pourrait avoir. 80% de nos acquisitions viennent du bouche-à-oreille entre professionnels, qui eux-mêmes sont copropriétaires et participent à des assemblées. Il y a une espèce d'effet rebond générateur d'opportunités pour nous quand un syndic participe à une assemblée organisée via Syment et qu’il ne l’a pas dans son cabinet.
Les 20% restants viennent du démarchage direct. Notamment de LinkedIn, ce formidable outil qui permet depuis le bureau d'aller rencontrer des gens !
Cela dit, on est conscient de la valeur du contenu pour nos utilisateurs. On est donc en train de s'organiser pour apporter plus de contenus. Il y a déjà pas mal de choses à dire sur le simple sujet de l'Assemblée Générale !
4 chiffres sur votre activité ?
5 000 AG en 2022, avec un objectif de 10 000 cette année.
une centaine de cabinets utilisateur
entre 8 et 10 millions de votes gérés par an, soit entre 100 000 et 150 000 copropriétaires venus voter sur la solution.
des milliers de courriers envoyés par mois.
La structure de votre financement ?
L'actionnaire principal, Ibaia Investissement, assure notre financement.
Derrière cet actionnaire, il y a une belle histoire d’une famille d'entrepreneurs de l'immobilier. Ils ont créé un cabinet d'administration de biens dans les années 60, qui a grossi et intégré le cercle des plus gros administrateurs de biens français hors gros réseaux comme Foncia, Nexity etc. Foncia les a rachetés il y a à peu près 2-3 ans, mais ils n’ont pas oublié leur passé d'entrepreneurs. Ils profitent donc de leurs nouvelles capacités pour investir dans l'écosystème, développer des activités en propre, toujours en lien avec l'immobilier.
La plus grosse erreur depuis vos débuts ?
Je te dirais que des erreurs, on en fait quasiment tous les jours. C’est même ce qui nous anime ! On ne s'interdit pas d'essayer, de tester le plus possible. On se lance, si ce n’est pas la bonne recette, on change, avec beaucoup d’humilité. Je préfère cette démarche que d'attendre et attendre encore pour trouver la bonne réponse.
J’ai une bonne illustration de cela. Il nous manquait une fonctionnalité qui permettait d’ajouter des annexes (PDF, des fichiers Excel) aux courriers, ordres du jour et convocations à envoyer. Cela était même un frein d’utilisation du service d'affranchissement pour certains de nos clients.
On a construit la fonctionnalité en un mois et demi, en partant du principe que c’était ultra simple, sans faire de user research… Erreur !! Ça ne répondait absolument pas aux besoins opérationnels de l'utilisateur final. Les retours étaient tellement négatifs qu'on s’est attaché à tout changer. En une semaine, on a sorti une nouvelle version qui répondait vraiment aux besoins. Aujourd'hui, les annexes peuvent même être nominatives. On peut les verser à certaines convocations de copropriétaires et pas d’autres, selon une clé de répartition spécifique comme la possession d’un parking par exemple.
C'est de la pure automatisation qui permet aux syndics de copro de gagner du temps. On n’oublie souvent qu’ils sont à la fois experts immobiliers, experts de la compta, experts de la technique, experts du social parce qu'ils gèrent aussi des employés d'immeubles, experts du juridique… Notre mission à nous, solutions digitales, innovateurs, c’est d'amener le plus de productivité possible pour ces professionnels qui ont déjà une montagne de boulot à gérer.
Le challenge des 3 prochains mois ?
On a ouvert le chantier de la refonte UX de la solution en début d'année. On programme de terminer les tests cet été. Notre plus gros challenge, c'est donc de sortir cette nouvelle version et de la faire adopter le plus possible.
On y intègre de nouveaux tips et des workflows encore plus intelligents, on s’est concentré sur la suppression de parcours à très faible valeur ajoutée, des clics inutiles dans le parcours utilisateur. Cette nouvelle interface va pousser encore plus loin l’automatisation pour des gains de temps vraiment tangibles.
Comment tu vois Syment dans 3 ans ?
Ma vision à 3 ans, c'est faire de Syment “the digital room for decisions”, un outil de référence pour tout professionnel amené à tenir une assemblée générale. On parle bien sûr des gestionnaires immobiliers et des syndicats de copro, mais l’AG est aussi un sujet pour d'autres typologies de professionnels : les gestionnaires de SCPI, qui doivent gérer de grands volumes d'actionnaires, toutes les sociétés qui doivent faire aussi valider certaines décisions via une AG corporate, les avocats, les experts-comptables…
On s’est en effet rendu compte que dans les sociétés, ce sont généralement les avocats, les experts comptables qui préparent tout le volet documentaire pour les entrepreneurs et les actionnaires.
L’idée, c’est de proposer un outil qui aille au-delà de la simple préparation documentaire. C’est de mettre à disposition un environnement de validation et de prise de décision pour les parties intéressées par l'événement. Et qui permet de réconcilier tous les modes de participation souhaités par les clients finaux : le présentiel et le distanciel.
Et il y a un besoin énorme, avec tous les cycles de décisions que les gestionnaires doivent lancer, en matière de rénovation énergétique notamment. On veut être l'outil qui va faciliter l'organisation de cette prise de décision.
Une grosse opportunité sous-exploitée dans le marché immobilier en France selon toi ?
C’est une question difficile ! L’immobilier est un secteur qui est plein d'inefficiences, pour des raisons multiples. Et pourtant, on a tous besoin de se loger, soit par l'achat, soit en location… L’immobilier est la première classe d'actifs mondiale : plus de 200 trilliards en valeur, plus de 6 trilliards rien qu’en France, dont 70-80% uniquement sur le résidentiel !
Pour moi, il y a un sujet autour de la data disponible dans les entreprises privées, comme Syment, sous-exploitée par les pouvoirs publics.
L’administration publique, notamment à travers DataGouv, s’évertue depuis des années à être beaucoup plus proche et transparente, à avoir des jeux de données toujours plus qualitatifs. Pour optimiser sa capacité d'analyse et décisionnelle sur le développement de nouveaux dispositifs. Avec des jeux de données plus propres, on peut imaginer faire émerger des aides à la rénovation énergétique plus cohérentes par exemple, ou faire évoluer MaPrimeRénov'. Certains parcours, comme le parcours de télédéclaration au RNC, le Régistre National des Copropriétés, que doivent faire annuellement les gestionnaires de syndic, pourraient aussi être raccourcis. Les normes et les processus imposés aux gestionnaires, et donc aussi aux copropriétés, pourraient être revus pour mieux refléter la réalité du terrain. Ce qui n’est pas du tout le cas actuellement, ou du moins pas assez.
Encore trop de décisions et/ou de dispositifs sont mis en œuvre sans que les données aient été regardées droit dans les yeux. Ou prises sur la base de jeux de données qui ne sont ni assez pertinents ni assez qualitatifs. Or la data, c’est la clé pour des arbitrages rationnels. À mon sens, ces administrations publiques ne se rapprochent peut-être pas assez des entreprises privées qui disposent de ces données-là. On est assis sur un énorme tas de données et je trouve dommage que ce canal d'acquisition ne soit pas encore exploité à son plein potentiel.
Autre chose que tu aimerais me partager ?
Je pense que Syment a réussi à développer une proximité avec chacun de ses clients. Notre esprit partenarial, c'est une de nos spécificités. En tant qu'éditeur informatique, cela se traduit par une démarche orientée vers une interopérabilité des systèmes et des API beaucoup plus poussée. Je suis persuadé que c’est cette ouverture qui permettra à tout le monde d'apporter énormément de valeur à notre écosystème. Et donc de la valeur à nos clients, aux copropriétés qu’ils représentent et donc aux lieux dans lesquels on vit !
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